La canicule qui a frappé la France en cet été 2003 fera des dégâts dans les forêts, mais les premières conséquences n’apparaîtront qu’au printemps prochain et il faudra sans aucun doute des années pour en dresser le bilan.
La forêt française et son économie subiront fortement les conséquences de la canicule de l’été, même si certaines régions, plus habituées à la sécheresse, semblent relativement épargnées.
Ces effets seront visibles dès l’an prochain mais perdureront durant de nombreuses années. En effet, depuis la dernière sécheresse de 1976, les réactions des arbres aux stress hydriques (sécheresse) et thermique (canicule) sont mieux connues des spécialistes. Néanmoins, la sécheresse de 1976 n’avait pas été accompagnée de températures aussi élevées et durables. Ainsi, les conséquences seront sans doute encore plus importantes.
En forêt, les arbres s’alimentent en eau grâce à leur enracinement, plus ou moins profond selon les espèces. Leur fonctionnement repose en grande partie sur la circulation interne de l’eau, dont le phénomène principal est l’évapotranspiration qui survient au niveau des feuilles. Quand la réserve en eau du sol diminue, l’arbre provoque de lui-même une régulation de la consommation en eau. Les arbres ferment leurs stomates ("pores" des feuilles, qui assurent les échanges gazeux), limitent le pompage et économisent l’eau. La photosynthèse devient également limitée, étant donné que le gaz carbonique pénètre également par les stomates. La croissance de l’arbre se stoppe, mais peut reprendre si la sécheresse cesse, car les stomates se rouvrent.
Néanmoins, si le stress hydrique s’intensifie, la tension de la sève dans les vaisseaux devient trop forte (les racines étant incapables d’absorber de l’eau tandis que la demande des feuilles augmente), et des bulles d’air apparaissent (c’est l’embolisme)
dans le système conducteur des pétioles et des petits rameaux. Les feuilles se dessèchent et peuvent alors tomber, parfois même sans jaunissement préalable.
Tout pronostic sur les conséquences définitives de cette sécheresse apparaît très difficile, il dépendra principalement de l’arrière-saison, des pluies et de l’hiver à venir : les arbres déjà affaiblis par des stress passés seront plus vulnérables que les autres face aux maladies, aux insectes et aux champignons. Toutes décisions hâttives de travaux ou de récoltes sont à éviter, les potentialités de récupération sont parfois surprenantes.
Même si on sait que les jeunes plantations supportent très mal les aléas climatiques et que les effets sont souvent irréparables et conduisent à la mort du plant pour les peuplements adultes, les conséquences sont généralement nettement moins importantes, elles varient selon l’essence et la station sur laquelle on se trouve.
Vimont Mathieu
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