Le bois est un matériau anisotrope, c’est-à-dire qu’il n’a pas le même aspect ni comportement sur ses trois dimensions. Ainsi, les trois faces, transversale, tangentielle, et radiale, constituent ce qu’on appelle le plan ligneux. Il est important de bien distinguer et savoir reconnaître ces faces.
I Rappels sur le plan ligneux
La face transversale est perpandiculaire à l’axe vertical du tronc. On pourrait dire que c’est une coupe horizontale. Pour faire simple, c’est celle que l’on obtient sur une souche, lorsqu’on coupe un arbre. On voit en quelque sorte les éléments vus du dessus.
La face radiale est obtenue si on coupe parallèlement à un rayon ligneux. C’est donc une coupe verticale qui va du coeur à la périphérie de la tige. Ce pourrait être une vue de côté.
Enfin, la face tangentielle est également verticale, mais, tangente à un cerne. C’est en quelque sorte une vue de devant.
II Un plan ligneux de feuillu
Face transversale
En face transversale, on va essentiellement pouvoir distinguer les vaisseaux, qui permettent la conduction de la sève brute, mais également les rayons ligneux, les cellules de parenchyme et les fibres.
Les vaisseaux sont des pores, qui apparaissent comme de gros trous, parfois même visibles l’oeil nu. Sur cette vue, ils sont coupés perpandiculairement à leur axe vertical. Ils sont facilement reconnaissables sur les photos suivantes, prises à des grossissements différents :
Coupe de chêne "Quercus spp."
Coupe de châtaignier "Castanea sativa"
Sur la coupe de chêne, qui est un bois à zone initiale poreuse, on voit même bien la disposition des vaisseaux, différente entre le bois de printemps (pores très gros) et le bois d’été (petits vaisseaux agglutinés). Le microscope est donc un bon moyen d’identifier les essences de bois.
Concernant les rayons ligneux, ils sont beaucoup plus fins chez le châtaignier que chez le chêne. Leur rôle est de transporter les éléments du coeur vers la périphérie de l’arbre, et d’accumuler des réserves.
Il est possible de faire un grossissement pour encore mieux les voir :
Rayon ligneux plurisérié
Le rayon ligneux est donc le tissu de cellules qui forme une bande à droite de la photographie. Certaines essences présentent des rayons aussi larges, comme le Chêne, mais, de nombreuses essences ont également des rayons ligneux unisériés (avec une couche de cellule en largeur) : c’est le cas du peuplier, ou des résineux dans leur ensemble.
Enfin, il est possible de distinguer les fibres des cellules de parenchyme. En effet, les fibres, dont la fonction est le soutien mécanique, sont plus lignifiées et ont donc une paroi plus épaisse que les cellules de parenchyme. Leur lumen est donc réduit.
Vue transversale globale d’un feuillu
Il est possible mais difficile de faire cette constatation sur la photo précédente. Des fibres sont en effet plutôt situées dans le coin en bas à gauche.
Sur cette photo, on voit essentiellement des cellules de parenchyme, à lumen bien ouvert. En effet, cela leur permet de stocker des réserves, qui est leur fonction principale.
Une vision directe au microscope rend cependant la distinction entre ces deux éléments plus aisée.
Face radiale
En vue radiale, on va retrouver les rayons ligneux et les éléments verticaux (vaisseaux, fibres, parenchyme), qui forment un véritable tressage. Ces deux éléments qui sont en effet perpandiculaires se croisent fréquemment.
Coupe radiale de chêne "Quercus spp."
Il est possible de voir le vaisseau qui forme une bande blanche au centre de la photo. Les rayons ligneux le croisent perpandiculairement. Ils croisent également les fibres qui forment de longs fils, et les cellules de parenchyme, qui sont empilées les unes sur les autres.
Sur cette photo, il n’est pas possible de repérer les ponctuations (ouvertures qui permettent la communication entre les éléments). Cependant, ces orifices sont visibles pour de plus forts grossissements.
Face tangentielle
Enfin, on peut regarder le bois sous sa face tangentielle. On va surtout apprécier la largeur des rayons ligneux, vus de face. Il est facile de distinguer les rayons ligneux unisériés non visibles à l’oeil nu, des rayons ligneux plurisériés :
Deux types de rayons ligneux sur du chêne "Quercus spp."
On voit ainsi nettement la différence entre ces deux types de rayons ligneux. Le chêne est un bon exemple pour cela. Un rayon ligneux est donc un empilement de cellules qui, ici, ont une section plutôt circulaire. Des rayons ligneux peuvent également présenter des cellules carrées.
On voit aussi les fibre et le parenchyme, qui apparaissent un peu comme sur la face radiale.
Désormais, nous pouvons étudier les différences avec l’anatomie des résineux.
III Plan ligneux d’un résineux
Face transversale
Au premier aspect, l’anatomie des résineux semble bien plus homogène et simple. En effet, les gymnospermes sont moins évolués que les feuillus, et ont donc peu de cellules différentes les composant. Ainsi, 90% de leur bois est constitué de trachéïdes. Elles servent en effet à la fois au soutien et à la conduction de la sève brute.
Il est donc normal de voir ces cellules sur la coupe transversale.
Coupes transversales de résineux
Hormis les trachéïdes qui semblent occuper tout l’espace, on peut tout de même distinguer les rayons ligneux, qui forment des lignes. On remarque bien que, chez les résineux, ces rayons ne sont constitués que d’une cellule en largeur. Ils sont donc unisériés.
En revanche, certains résineux présentent également des canaux résinifères longitudinaux, visibles sur cette face. C’est le cas sur la photo suivante, où ces canaux sont assimilables à des trous assez gros :
Canaux résinifères sur Pin à crochets "Pinus uncinata"
Face radiale
Les trachéïdes, verticales, et les rayons ligneux, horizontaux, forment également des champs de croisement. Chez les résineux, on peut observer dans ces champs des ponctuations spécifiques, qui permettent d’identifier les essences. Mais, même s’il est difficile de les observer avec des petits grossissements, on remarque bien les croisements entre les éléments du bois.
Champs de croisement sur Pin à crochets "Pinus uncinata"
En face radiale, les ponctuations sont également observables au niveau des trachéïdes. De petites ouvertures blanches sont plus ou moins régulièrement réparties. Ces ponctuations sont dites aréolées sur ces éléments. Sur la photo suivante, il est possible de les distinguer :
Ponctuations aréolées sur les trachéïdes
Face tangentielle
Enfin, sur la face tangentielle, on va de nouveau voir les rayons ligneux de face, comme chez les feuillus. Cependant, on peut confirmer que ceux-ci sont quasiment tous unisériés. La seule exception possible est lorsqu’il y a un canal résinifère inséré dans un des rayons.
La coupe suivante montre bien à quoi ressemble la face tangentielle d’un résineux :
Face tangentielle d’un résineux
On constate donc que le bois semble relativement homogène, et ne présente pas de complexité particulière.
On voit aussi que les rayons ligneux ont une hauteur variable, selon le nombre de cellules les constituant. On pouvait déjà faire cette remarque sur la face radiale.
Une observation à un plus fort grossissement permet de voir des spirales au niveau des parois des trachéïdes :
Paroi spiralée des trachéïdes
On peut voir des petits traits qui parcourent la paroi en zigzag.
En conclusion, on peut noter que le bois est très hétérogène, et que des différences nettes apparaissent entre les feuillus et les résineux, et aussi entre les essences elles-mêmes. Ceci justifie l’intérêt d’étudier l’anatomie du bois, à l’oeil, à la loupe ou au microscope, pour identifier les essences.
Thibaud Surini
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