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   Ecologie
Plaidoyer pour une gestion concertée entre forestiers, naturalistes et chasseurs.


L’attitude jusqu’il y a peu des autorités forestières, des naturalistes, des chasseurs et des promeneurs, était au mieux de s’ignorer, au pire de se détester. Que d’énergie perdue au détriment de la forêt elle-même. Mais de belles iniatives voient aujourd’hui le jour.

L’attitude jusqu’il y a peu des autorités forestières, des naturalistes, des chasseurs et des promeneurs, était au mieux de s’ignorer, au pire de se détester.

Les gestionnaires forestiers ont eu trop souvent tendance à ne voir au travers de la forêt qu’une fabrique de planches. Les « gesticulations » des naturalistes, « empêcheurs de tourner en rond », la présence, dans leur « usine à bois » de chasseurs qui ne pensent trop souvent qu’en termes de quantité de gibier, sont pour eux non seulement une gêne, mais une certitude de perte économique due aux dégâts provoqués par les surpopulations de cervidés souvent programmées par les gestionnaires de chasses. Les chasseurs de leur côté ne voient dans la forêt qu’un refuge et de la nourriture pour leur « cheptel gibier ». Le rendement forestier les indiffère souvent totalement. De plus, souvent confrontés aux tracasseries de certains écologistes obtus et « anti-chasse », ils n’essaient même plus de comprendre leurs motivations, d’où frictions et incompréhensions. Le pauvre naturaliste désespéré de voir autour de lui une telle érosion galopante de la biodiversité, voue si souvent une telle haine atavique envers les chasseurs, qu’il ne cherche même pas à comprendre la passion qui les anime. Il méprise de même très souvent le travail des forestiers, ne comprenant pas leurs motivations trop souvent axées sur la seule notion de « rendement » au détriment de la diversité.

C’est certes un peu réducteur, mais à peu de choses près le tableau habituel. Devant ces trois interprétations différentes de l’écosystème forêt, il est normal que ces intérêts divergents entraînent des frictions et des conflits. Que d’énergie perdue au détriment de la forêt elle-même.

Il est heureux de constater qu’un travail de concertation entre certains jeunes forestiers éclairés, certains naturalistes ou scientifiques moins rigides et moins dogmatiques, et certains trop rares chasseurs plus ouverts est en train de se préciser. C’est de bon augure pour l’avenir, mais encore fort timide comme nouvelle approche(*).

Il ne faut jamais perdre de vue que la forêt est un écosystème (**) complet, soit l’ « ensemble du vivant » en interaction permanente avec son environnement (biotope), comprenant tant la flore que la faune, et ce, y compris la microfaune du sol, incluant l’humus qui représente le résidu biologique de l’assimilation des « disparus » . Il n’est donc PLUS POSSIBLE de voir au travers d’une forêt uniquement des arbres destinés à la scierie, un refuge pour la grande faune, une espèce de « Musée » naturel à protéger de façon dogmatique, ou un simple jardin public destiné aux récréations du dimanche pour citadins en mal de Nature. Une prise en compte aussi restrictive, ne pourrait se faire qu’au détriment de la forêt elle-même. Les enrésinements à outrance du siècle dernier en Belgique sont là pour nous démontrer ce que les excès d’une vision seulement « économique » peuvent amener comme dramatiques conséquences sur la santé de l’écosystème « forêt » avec un appauvrissement rapide et parfois irréversible de la biodiversité.

Issu d’une famille de propriétaires forestiers chasseurs, attiré depuis ma prime enfance par la Nature, l’entomologie, l’herpétologie, la botanique, ... j’aurais pu, écartelé entre ces diverses disciplines parfois contradictoires, n’être qu’un mauvais gestionnaire forestier, un abominable chasseur, ou un piètre naturaliste. J’ai au contraire découvert qu’au-delà des apparences et des petits conflits de voisinage entre acteurs du terrain, il n’y a rien d’incompatible, entre gestion forestière, gestion cynégétique, et préservation de la nature. J’ai entamé en 2001 avec l’aide de mon père et de mon fils, dans une propriété privée familiale, située dans la province de Namur (Wallonie -Belgique) des aménagements centrés sur la sauvegarde d’un papillon qui devenait très rare en Wallonie. Le Damier de la Succise, Euphydryas aurinia, est un petit rhopalocère qui souffre avant tout de la disparition ou de la dégradation de ses biotopes. En ouvrant la forêt de façon graduelle et étagée, nous avons permis à la lumière solaire et à la chaleur qui l’accompagne de pénétrer sur les anciens layons de chasse dont la tendance naturelle était de se refermer. La micro faune et la flore en sont les grands bénéficiaires. Les élargissements qui varient de 12 à 30 mètres, en un immense maillage de plusieurs kilomètres ont amené une véritable explosion de vie, avec à foison, insectes, papillons, reptiles, et flore très diversifiée, sans que la rentabilité n’en soit réellement affectée. (Notre expérience peut être consultée en ligne sur le lien suivant : cliquer ici)

Ce long réseau de chemins ouverts en étages s’est révélé de plus être un gagnage de première qualité, très apprécié par les chevreuils qui y sortent à toute heure. Les chasseurs n’y perdent donc rien, bien au contraire.

Un premier calcul nous a démontré que la perte de rendement forestier si elle est réelle sera minime et indolore car les arbres de bordure ont tendance à grossir plus vite. Les meilleurs chênes sont malgré tout préservés, mais sans excès, dans ces aménagements. Le gain énorme de biodiversité apparu au fil des ans par la pratique de ce type de gestion plus « écologique » doit nous conforter dans notre volonté de restauration de l’ensemble de l’écosystème. La conservation dans ces bandes gérées en clairières internes, d’espèce considérées jusqu’ici comme « inutiles », tels les pommiers et poiriers sauvages, la bourdaine, les prunelliers, les aubépines, et autres espèces considérées comme « non rentables » a contribué à préserver et restaurer une diversité appréciable. Cette flore de bas étages qui sert aussi de « plantes-hôtes » à bon nombre d’insectes permet à leurs prédateurs naturels que sont les oiseaux forestiers de lisière de se maintenir au cœur de la forêt, et contribue à reformer une chaîne alimentaire de qualité dans ces lieux, certes jusqu’ici heureusement chimiquement peu pollués et dont le sol et l’humus ont gardé toutes leurs qualités biologiques. La fermeture naturelle du milieu forestier s’était révélée dommageable pour la survie d’espèces fragiles.

Cette gestion « écologique » intégrée avec la volonté de garder un rendement forestier non négligeable (pour le forestier), la volonté d’amélioration les gagnages (pour le chasseur), et le désir de préserver et de restaurer l’écosystème (pour le naturaliste/scientifique), démontre par l’explosion du vivant qui en découle, qu’il est possible de rassembler dans un même élan tous les acteurs/utilisateurs de la forêt sans qu’aucun ne soit lésé. Nous avons, par ce travail collectif en famille qui fut récompensé par le Prix Interbrew pour l’Environnement 2004, prouvé que les regards en « chien de faïence » entre forestiers, chasseurs, naturalistes et promeneurs, étaient dépassés, et que seule une gestion concertée entre eux tous, pourrait contribuer à préserver la forêt dans les siècles à venir. Il est urgent de penser autrement. Les notions restrictives du seul rendement économique pour le forestier « aveugle », la volonté dévoyée de certains chasseurs désireux de réaliser des « tableaux pharaoniques de gibier » ou les tentatives faites par certains écologistes « intégristes » de s’approprier la forêt pour assouvir de façon dogmatique et irréfléchie leur besoin de « protéger pour protéger » DOIVENT être abandonnées pour une gestion plus souple, intégrée et concertée. La forêt, élément renouvelable de notre patrimoine naturel, a besoin d’une nouvelle vision moins « égoïste », d’un plus grand respect du vivant aussi, pour garder pour nos enfants et petits-enfants ... un cadre de vie autre qu’une cour de jeux rendue abiotique par les excès de notre civilisation du profit.

Je fais donc appel à l’intelligence de chacun pour que, dans un même mouvement concerté, nous innovions pour mettre un terme aux vieilles pratiques d’antan qui mirent à mal nos forêts, leurs habitants et son environnement.

* La Division Nature et Forêt de la Région Wallonne (DNF) prend désormais en compte la problématique « biodiversité » en collaboration avec les scientifiques du Centre de Recherche de Gembloux.
** Écosystème : Unité fonctionnelle de base en écologie comprenant le biotope et la biocénose associée.



http://homepage.mac.com/jdelacre/jdelacre/
http://homepage.mac.com/jdelacre/parcnaturel/
http://homepage.mac.com/jmdelacre/meem/
http://fr.groups.yahoo.com/group/Alerte-nature-maroc/

Jean Delacre

 
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