La forêt peut être définie comme suit : c’est un écosystème1 où les essences ligneuses2 sont prédominantes. Autrement dit, c’est un endroit où l’on trouve majoritairement des espèces végétales qui produisent du bois. Mais, cela ne veut pas dire que l’on ne trouve rien d’autre...
Promenons nous dans les bois...
Aux yeux de propriétaires forestiers, de sylviculteurs ou autres professionnels de cette filière, la forêt est avant tout source de bois. On connaît l’importance de ce matériau vivant, hétérogène et renouvelable, dont les utilisations sont innombrables ; ainsi, il est nécessaire de continuer à gérer ces espaces pour pérenniser la production de bois. La forêt a ainsi un rôle économique, car ce matériau a une valeur sur le marché qui est une source de revenus non négligeable pour un propriétaire.
En revanche, un français interrogé dans la rue n’assimile pas nécessairement la Forêt au matériau ligneux. En effet, selon une enquête SOFRES, la production de bois n’est que la quatrième fonction de la forêt la plus citée par les sondés. Le plus important est que cet espace constitue un moyen de se ressourcer, et un lieu pour sortir en famille dans un cadre agréable.
La forêt est un espace de détente. C’est le lieu privilégié par les citadins pour oublier le stress du travail, certainement plus présent dans les grandes agglomérations. D’où l’importance des forêts périurbaines3. Ainsi, en espace public, de nombreux aménagements sont faits pour satisfaire les promeneurs du dimanche.
La Forêt de Fontainebleau, qui constitue l’un des plus grands massifs français (28000 hectares selon l’ONF) est sans doute la référence en matière d’accueil du public. Un réseau de 300 km parcourt le massif pour le plus grand plaisir des randonneurs et cyclistes. Par ailleurs, les rochers de grès4 emblématiques de cette forêt constituent un défi pour les varappeurs, petits et grands. Les activités sont donc diverses, et, sur un si grand espace, cette forêt est incontestablement un lieu de plaisir et de découvertes.
... pendant que le chien n’y est pas.
En dehors des ressources ligneuses, la forêt abrite bien d’autres trésors. Ils font ainsi l’objet d’activités à part entière.
Le meilleur ami du chasseur
S’il est une activité très présente en forêt, il s’agit incontestablement de la chasse. Les cerfs, sangliers et chevreuils sont les grands gibiers les plus fréquemment rencontrés dans notre pays. Ainsi, ils sont aussi la cible des chasseurs et de leurs chiens. Cette activité très controversée est cependant règlementée par l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage). Son objectif premier est la régulation des populations de gibier, afin de conserver un équilibre dans l’écosystème forestier.
La chasse est également une activité ancestrale, car elle est source de nourriture pour les hommes. La viande des animaux chassés était autrefois première source d’alimentation. Désormais, les mets à base de gibier sont très appréciés.
Enfin, la chasse est devenue une source de revenus principale pour les propriétaires forestiers. Les chasseurs doivent payer pour chasser sur un terrain qui ne leur appartient pas. Dans ce sens, la chasse est une activité économique.
Sa truffe pour flairer la truffe
Si le chien est très utile pour traquer ces proies mobiles, il l’est aussi pour flairer les trésors cachés. La truffe, champignon d’une valeur exorbitante qui fait la réputation du Périgord, est bien originaire des forêts. Plus précisément, il s’agit d’une mycorhize5, autrement dit, un champignon qui se développe sur les racines de certains arbres (Ex : Chêne pubescent Quercus pubescens). Ainsi, il faut pouvoir repérer ces champignons, sous la surface du sol. Les chiens sont donc souvent dressés pour trouver ces truffes. Les cochons sont également des animaux appréciés des trufficulteurs pour leur flair très affûté.
En fonction des saisons, la récolte sera plus ou moins bonne, car les conditions de développement de la truffe sont très spécifiques (pour plus d’informations, consultez le site : http://www.truffe-perigord-noir.com/fr_m3c2.asp ?Var=0) Cependant, la truffe restera un produit rare et donc cher.
Des ressources partout et pour tout
« A Table ! »
Même si la truffe reste un produit de luxe, d’autres ressources sont beaucoup plus accessibles et disponibles.
En restant dans les champignons, la forêt regorge de variétés telles que girolles, bolets, ou trompettes de la mort, dont le nom nous ferait presque oublier qu’elles sont comestibles. La forêt est donc le domaine des mycologues, ou tout simplement celui des gourmands. Cependant, il est nécessaire de savoir identifier ces champignons, et de savoir s’ils sont comestibles ou non. Aucun doute n’est permis, car, si les bons champignons font chanter nos papilles, les vénéneux6 sont trop souvent à l’origine d’intoxications mortelles.
Tous les fruits que nous connaissons sont également des produits forestiers. Les arbres fruitiers nous offrent, entre autres, les cerises, les pommes, les figues... Mais, les espèces non ligneuses nous apportent aussi les fraises, framboises, ou groseilles, pour notre plus grand plaisir.
Cependant, il est recommandé de laver ces derniers à l’eau et les cuire avant la consommation afin d’éviter certains problèmes : la « maladie du renard » (ou échinococcose) est une maladie qui peut se contracter après ingestion de fruits situés près de la surface du sol et dont l’issue est parfois mortelle. Bien qu’elle n’apparaisse que tardivement, cette maladie est due à un ver parasite, dont les œufs se propagent dans les excréments de renard. Ainsi, s’il y a eu contact entre crottes et baies, cela justifie le fait de ne pas les déguster sur place.
Enfin, on utilisait l’écorce de pins sylvestres pour en faire de la farine, en cas de grande famine. Cette méthode plutôt ancienne et nordique consistait à écorcer les arbres, et piler l’écorce.
« En Voiture ! »
Mais, la forêt n’est pas qu’un marché de mille et une saveurs. D’autres produits sont extraits de certains arbres, pour des utilisations diverses.
Un liquide secrété par une essence précise est couramment employé : il s’agit du latex, que l’on trouve chez l’Hévéa. Ce latex sert pour la conception de caoutchouc. A ce titre, le plus grand propriétaire de plantations d’Hévéas au monde n’est autre que l’entreprise Michelin. Les pneumatiques sont donc, en quelque sorte, des produits de la forêt.
Par ailleurs, le Pin maritime des Landes a fait l’objet d’une activité à part entière : le gemmage7. Cette technique consiste en la récolte de résine après blessure de l’arbre. Cette résine est utilisée pour faire l’essence de térébenthine. Cependant, l’expansion de résines synthétiques fait que cette activité est désormais réduite à un niveau local.
Enfin, on ne vantera jamais assez l’intérêt des plantes dans la médecine. Non seulement, la phytothérapie8 est à la mode, mais, de nombreux médicaments trouvent leur origine dans les plantes. Ainsi, la quinine, utilisée contre la malaria, provient de l’écorce d’arbres du genre Cinchona.
De même, toutes les plantes ont des propriétés qu’il peut être utile de connaître. Ces propriétés sont décrites dans des ouvrages, tels la Flore Forestière Française.
Un puits de carbone
On assimile souvent la déforestation à l’effet de serre9. On parle également de la forêt comme étant le « Poumon de la Terre ». En effet, le rôle écologique est très important.
La présence de végétaux tend à diminuer le réchauffement climatique. En effet, la croissance des végétaux chlorophylliens10 se fait grâce à la photosynthèse11 : ce phénomène biologique nécessaire à la croissance fait que les feuilles absorbent du dioxyde de carbone CO2, et rejettent de l’oxygène O2. Ce CO2 étant un gaz contribuant au réchauffement, son absorption est une bonne chose.
Le carbone est alors stocké dans le bois, d’où le surnom de Puits de Carbone donné à la forêt. Lorsque le bois brûle, le carbone est libéré. Cependant, ce n’est pas polluant dans le sens où ce carbone n’est pas nouvellement produit. De même, les arbres que l’on replante vont absorber à nouveau ce carbone de l’air, pour croître dans de bonnes conditions. Ainsi, c’est un cycle bénéfique, dans le sens où le carbone libéré lors de la combustion de bois est absorbé par les arbres nouvellement plantés.
Conclusion
La forêt a de nombreux rôles, et chacun l’apprécie pour des raisons diverses. Le rôle économique concerne les vendeurs de bois, de champignons ou autres produits extraits de cet espace. Le rôle social nous rappelle que la forêt est un lieu d’accueil du public. Enfin, le rôle environnemental est de plus en plus important, au moment où le réchauffement climatique est dans tous les esprits.
Thibaud SURINI
Bibliographie :
DUME G., MANSION D., RAMEAU J.C, Flore Forestière Française - Guide écologique illustré ; Tome « Plaines et Collines », IDF, 1785p.
« Les Français et le Bois », Enquête SOFRES, Bois-Forêt Info, 15 décembre 2000.
Liens :
http://environnement.ecoles.free.fr/groseille.htm
http://jfo.chez.tiscali.fr/intro.htm
http://perso.wanadoo.fr/champyves/champignons/fichier_htm/autres/truffe_du_perigord.htm
http://sres.anu.edu.au/associated/fpt/nwfp/quinine/Quinine.html
http://www.futura-sciences.com/comprendre/d/dossier264-2.php
http://www.nord-nature.org/fiches/fiche_s5.htm
http://www.oncfs.gouv.fr/
http://www.onf.fr/fontainebleau/
http://www.truffe-perigord-noir.com/fr_m3c2.asp ?Var=0
Lexique :
1 : Ensemble dynamique d’organismes vivants (plantes, animaux et micro-organismes) qui interagissent entre eux et avec le milieu (sol, climat, eau, lumière) dans lequel ils vivent.
2 : Qui produisent du bois.
3 : Qualifie des forêts situées en périphérie des villes.
4 : Roche détritique, poreuse, souvent litée, constituée de sable lié par un ciment siliceux ou calcaire.
5 : Association symbiotique entre le mycélium d’un champignon et les racines d’une plante.
6 : Dont l’ingestion est dangereuse et parfois mortelle.
7 : Opération qui consiste à "blesser" un pin pour qu’il envoie de la résine afin de cicatriser cette blessure.
8 : Traitement des maladies par les plantes.
9 : Phénomène caractérisé par la pénétration des rayons du Soleil dans l’atmosphère. Ces mêmes rayons atterrissent sur le sol terrestre et sont renvoyés vers l’atmosphère qui cette fois-ci les absorbent ; il y alors de la chaleur qui se forme.
10 : Organisme autotrophe qui pourra fabriquer les constituants fonctionnels et structuraux dont il a besoin à partir de molécules inorganiques.
11 : Réaction se déroulant chez les plantes dans les chloroplastes où l’énergie solaire est utilisée pour oxyder l’eau et réduire le gaz carbonique afin de synthétiser des substances organiques (glucides).
Thibaud Surini
|